Médias sociaux, Blogs, journalisme citoyen : quelle crédibilité ?
Lieu: Hôtel Ivotel – Abidjan – 25 mai 2013
Je suis là aujourd'hui pour vous parler de métier et non pas de « crédibilité ». N'attendez donc pas que je vous livre la recette miracle pour toutes ces questions que nous nous posons tous et que nous continuerons de nous poser parce qu'étant inhérentes à l'exercice d'un métier ou d'une passion. Si on se fie au dictionnaire, la CRÉDIBILITÉ est tout simplement un caractère de ce qui est croyable, donc de ce qui est vrai. Quelqu'un de crédible serait donc quelqu'un qui est digne de confiance, qui est fiable et qui mérite d'être cru. Si je me fie au monde professionnel, je dirai que tout métier impose crédibilité et ferait de son Homme quelqu'un de fiable. Vue sous cette approche, la question est réglée. Mais est-ce pour autant qu'on parle de la même crédibilité entre un médecin et un avocat, entre un dentiste et un météorologue, entre un journaliste et un blogueur ?
Pourquoidoncavoirchoisice thème ? À mon avis la réponse est déjà un appel à une nouvelle problématique. Ceux qui attendent de moi des réponses seront foncièrement déçus, pour la bonne et simple raison que je suis là, peut-être, pour poser de nouvelles questions rajoutées à celle qui m'a été posée par mes amis et collègues blogueurs de l'Association des blogueurs ivoiriens. Et comme vous le savez dans une société démocratique, les réponses doivent être conçues de façon démocratique. Il serait injuste de ma part étant dans une assemblée démocratique de monologuer pendant trente minutes. Dans les grandes universités, les conférences les plus longues pour les agrégations durent trente minutes, alors Je vais « en tant que simple blogueur » essayer de vous entretenir en moins de trente minutes. Il serait dommage pour moi d'être plus bavard que les académiciens.
Comme vous le savez, aujourd'hui, nous tous, sommes face à un changement très fort de paradigme. Ce changement de paradigme a affecté la relation entre l'information et le public du fait de l'introduction des technologies de l'information et de la communication dans l'écosystème informationnel.
Dans un premier temps, l'information est passée de la radio, du papier, de la télévision pour devenir accessible via un écran d'ordinateur ou via un téléphone mobile. Sa forme, tout comme son contenu ont évolué. Une nouvelle donne s'est indéniablement imposée. L'information devient surabondante et l'utilisateur se fait inondé de nouvelles en provenance de tous les coins du monde. La révolution du « direct » qui avait fini de bouleverser l'univers des médias s'est vite confrontée à la révolution de la spontanéité et de l'interactivité de l'information. D'un traitement long et détaillé, elle est passée à une diffusion atomisée synthétisée, rapide et multiforme en même temps.
Dans un second temps, les professionnels, experts et agents qui ont comme métier le traitement et la diffusion de l'information, se sont fait envahir par un public plus jeune, plus nombreux, plus mobile, plus disponible et plus proactif : les blogueurs, acteurs des nouveaux médias et aussi ces passionnés de l'information qu'on appelle «journalistes citoyens ». C'est la raison pour laquelle la problématique que vous je vous invite à déterminer avec moi pour ces quelques minutes, c'est de voir quelle crédibilité pour une « société de l'information » développée par des gens qu'on pourrait classer en « communauté de l'information » appuyés par une « société des commentaires » ? Pour y arriver, je voudrai vous inviter sur une réflexion en trois points axée sur :
• La personne
• L'outil
• Le code
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerai attirer votre attention sur les quatre mots clés qui nous suivront tout au long de ces trente minutes. :blog + Journaliste citoyen + Médias sociaux + crédibilité.
D'abord, si on s'interroge sur les thématiques sur ce qui nous réunit ce matin, je me permettrai de faire de petits zooms sur chaque concept pour une meilleure compréhension de la problématique en question.
Médias sociaux:
Selon Christine Balagué et David Fayon : « Pour toucher 50 millions d'utilisateurs, il a fallu trente-huit ans à la radio, treize ans à la Télévision, quatre ans pour Internet, trois ans à l'iPod … tandis que Google + a conquis 50 millions de membres en 88 jours, soit la période de révolution de Mercure ! Plus de 300 millions de photos sont téléchargées quotidiennement sur Facebook et 3,2 milliards de J'aime et de commentaires effectuées par les utilisateurs ! ». Que rajouter de plus ? Ces chiffres définissent largement la puissance de ces nouveaux médias qui ne sont rien d'autre que des outils basés sur la technologie pour une mise relation pour la collaboration, le soutien, le conseil, le contrôle, l'influence ou l'information. Le terme « nouveau » réside dans leur apparition et leur développement sur internet grâce aux outils participatifs introduits par le Web 2.0. Leurs usages avec la dimension sociale ont fait exploser de multitude d'acteurs dont parmi eux, les blogueurs.
Blogs et blogueurs :
Il est très difficile de parler du blog et de son Homme sans faire une petite comparaison entre journaliste et blogueur. Le journaliste traditionnel, qui l'est car ayant suivi une formation, à une mission de chercher l'information et la diffusion en fonction du droit du public à l'information alors que le blogueur, utilisateur et passionné, partage sur un espace personnel et d'abord pour une satisfaction personnelle. Celui là, doit-il être régie par les mêmes codes qu'un journaliste ? Est-il appelé à avoir une éthique et une déontologie ?
Le blog étant l'espace web personnel pour servir de diffusion de contenu à caractère personnel ou public. À partir de cette définition, je serai tenté de dire que pour devenir blogueur, il faut juste savoir tout simplement écrire. Devrait-on donc imposer à celui-là qui partage pour lui-même d'être crédible ? Pour y voir clair, essayons de définir les différents types de blog :
• Blog journal intime s'appuyant sur le récit de soi. Il est tout d'abord un espace d'expression personnel comme je l'ai dit tout à l'heure et permet à son propriétaire de parler de choses personnelles qui seraient susceptibles de n’intéresser pas grand monde. Blog peu fréquenté avec cible limitée.
• Blog centré sur la description d'un environnement familial. Ce dernier est de type clanique et serait restreint à une consultation familiale ou de groupe.
• Blog du passionné s'appuyant sur des passions ou des thèmes. Il passionne une communauté d'utilisateur. Son champ d'exploitation est plus large car sa communauté constituait en elle-même des relais et des vecteurs pour la diffusion, la popularité du blog.
• Blog centré sur l'échange d'opinion. Il offre de très nombreux liens avec un réseau autour d'un auteur. Ce dernier finit par se positionner comme leader d'opinion dans son centre d'intérêt ou sur les sujets qu'il traite particulièrement.
Nous pouvons dès lors se poser la question sur la pertinence des contenus des deux premières catégories de blogs. Quand quelqu'un à partir d'un espace web personnel, raconte ce qu'il veut et à sa manière, avons-nous une obligation de passer son message au détecteur de mensonge ? Certains préfèrent publier dans l'anonymat.
Ce monde de l'anonymat est-il toujours facile à contrôler ?Existent des mécanismes pour réduire la « pseudonymisation » des données ? Aujourd'hui, les blogs ne sont plus l'apanage des blogueurs. Des professionnels de l'information créent des blogs à l'intérieur de leurs structures. De grandes organes de presse font des blogs une partie intégrante de leur rédaction web et nombre d'émissions télé, de radios ou de quotidiens comprennent désormais des rubriques ou séquences blog.
Journalisme citoyen :
Pour aborder la question du journalisme citoyen, je prendrai mon exemple avec Sunu2012 qui a démontré la puissance du Web en tant que vecteur de changement, ainsi que la vitalité de la liberté d’expression au sein de cet écosystème informationnel. Les internautes sénégalais sont maintenant présents pour veiller au respect de la transparence, de l'équité et de la légalité des élections. Désormais, il faudra compter avec Twitter et Facebook dans les élections, au Sénégal comme partout en Afrique, et ailleurs. Avec cette mouvance de e-révolution, les prochains présidents et leur gouvernement en Afrique devront donner une part entière à internet dans le dispositif de gouvernance car ce qu’apportent les nouveaux outils d’e-démocratie, c’est la possibilité d’assurer une continuité et surtout une plus grande transparence du débat démocratique.
C'est parce qu'ils produisent une information plus démocratique qui prend en compte les préoccupations du peuple car produite par eux qu'ils ont hérité le nom de journalistes citoyens. Le journalisme citoyen change le rôle du citoyen du récepteur en émetteur. Le citoyen lui-même devient un média et à travers lui d'autres s'informent par le biais des réseaux sociaux. Ils arrivent à alimenter par des témoignages ou des observations, des agences de presse et des médias étrangers.
Aujourd'hui, ceux qu'on appelle les journalistes citoyens ont joué dans certains pays un rôle important dans la retransmission de l'information et en tant que sources. Ce fut le cas lors des premiers jours des bombardements sur l'Irak en 2003, lors du Tsunami de l'Océan indien en décembre 2004, lors du coup d'État en Thaïlande en septembre 2006, lors du tremblement de terre en Haïti, durant la révolution arabe (Tunisie, Égypte …), lors de la capture et assassinat de Ben Laden au Pakistan, lors de l’ouragan Sandi aux États Unis et plus récemment lors des attentats au Marathon de Boston. Sans aussi oublier le travail de ces journalistes citoyens dans certains pays durant les élections présidentielles comme ce fut le cas chez nous au Sénégal en 2012.
Vous me permettrez après ce tour d'horizon sur les différents concepts nous concernant, d'aborder les différents axes de réflexion sur le sujet qui nous intéresse ce matin: Médias sociaux, blogs, journalisme citoyen : quelle crédibilité ? »
J'insiste à dire que dans ce monde, le Métier fait l'Homme, mais la crédibilité fait le Métier. Pour ce qui nous concerne, nous acteurs du monde de l'information digitale, il nous faut retenir que la qualité fondamentale d'une information est sa véracité. Que nous soyons des usagers des Médias sociaux (de l'utilisateur simple à l'utilisateur avancé et expert des nouveaux médias), blogueurs ou tout simplement acteur du journalisme citoyen, nous devons tomber d'accord sur deux choses :
• La crédibilité d'une information ne rend pas forcément son diffuseur crédible.
• La crédibilité d'un outil ne rend pas forcément son contenu crédible.
La question du contenant et de son contenu se pose d'avantage d'autant plus que tous les trois domaines qui nous concernent ce matin partagent le même contenant qui est internet. Cet écosystème informationnel, ouvert et accessible. Ce n'est pas parce que tout se fait sur internet que la question de la crédibilité se pose avec acuité. Mes recherches m'ont permis d'apprendre qu'au XVIIième siècle, les médias étaient des instruments pour soutenir la politique du gouvernent en place. Je vais donc vous entretenir des acteurs, du contenu et du contenant pour terminer avec les différentes formules qui pourraient régir cet ensemble pour plus de crédibilité dans le traitement, la diffusion et la retransmission des informations.
La Personne :
Dans notre contexte, la Personne avec un grand « P » dont je fais allusion est un acteur de la société de l'information puisqu'elle même devenant à travers un écosystème émettrice mais aussi source d'informations. Tout tourne autour de lui et il est nécessaire pour lui d'adopter une certaine mode de vie « virtuelle ». Une personne peu fiable est peu crédible.
Ici, la fiabilité renvoie à l'information vraie, vérifiée, vérifiable avec des sources tangibles et la crédibilité renvoie à la confiance, à la dignité mais aussi à l'influence. Quand il arrive que la portée du contenu de l'information dépende de celui qui la diffuse, le soin de son profil virtuel devient un élément pour sa crédibilité. Toujours est-il qu'une information peut être vraie avec des sources fiables mais mal-perçue ou mal-interprétée par le public récepteur.
Le niveau de confiance à travers les médias sociaux dépend de la personne mais aussi de façon profonde de la manière dont l'information est diffusée. Quand nous communiquons via un statut personnalisé (plus souvent pour notre propre information comme si nous réfléchissons tout haut) ou via un commentaire sur d'autres publications, nous réduisons considérablement tout ce qui pourrait rendre notre information accessible et crédible.
La Personne est une entité en elle-même qui englobe celui qui diffuse l'information et le contenu qui est diffusé. Notre identité est presque apposée à notre communication sur les médias sociaux. Il devient dès lors difficile de séparer l'information et celui qui la diffuse. Sachant que chaque commentaire que nous laissons devient une trace sur les médias sociaux, nous devons veiller à maintenir une bonne image à travers le web. Mais va-t-on jusqu'à nous imposer une éthique de la discussion ?
La rencontre de l'information et de l'informatique a donné naissance à cet Homme chez qui s'identifient les blogueurs ainsi que les acteurs du journalisme citoyen. Ensemble avec les acteurs des médias sociaux, ils constituent ce que j'appelle « la communauté de l'information ». Cette communauté de l'information évolue, je l'ai dit plus haut, dans une société de l'information qui est rendu possible grâce à la naissance de nouveaux outils. Pouvons-nous dans ce cas se demander poser des questions sur la crédibilité ou la fiabilité d'un outil parce que tout simplement ce dernier est considéré comme un média ? Dans ce cas, on ferait un parallélisme entre crédibilité des médias en tant que vecteur d'information. La télé ou la radio seraient-elles plus crédible que les médias sociaux ? C'est ce que nous allons voir dans la partie suivante.
Les Outils :
Ce débat est rendu encore plus nécessaire par les changements particulièrement rapides des techniques de traitement et de production de l'information. En effet, l'éthique professionnelle des médias et du journalisme est mise à mal par le développement des contenus sur support digital (blogs, forums, réseaux sociaux …) qui a provoqué l'apparition d'informations peu fiables, qui s'affranchissent des normes déontologiques des journalistes professionnels. Cette parenthèse de Patrick-Yves Badillo nous montre à quel point le thème de cette matinée est si important. Un métier qui s'est développé avec des réglementations et des normes s'est très vite retrouvé submergé par une quantité d'informations tous les jours. Ces informations constituent un flux diversifié et permanent. Vraies ou fausses, manipulée ou non, hiérarchisées ou non, elles sont répandues à une vitesse accélérée avec un nouveau média comme outil.
Ces outils sont devenus le lieu de prédilection de l'information instantanée et rapide, de l'information courte mais complète, de l'information simplifiée mais variée son contenu. C'est justement à cause de l'importance de ces outils que certains politiques préfèrent y faire passer leur déclaration ou annonce. Ce n'est pas pour rien que le Président Barack Obama a préféré confirmer son élection à la présidentielle de 2012. C'est aussi parce qu'effectivement ces outils sont CRÉDIBLES de porter un message ou une information de qualité que certaines des conférences de presse de Obama sont délocalisées chez Google et Facebook.
La mesure de l'efficacité de ces diffusions donne lieu à un suivi spécifique (mesure de l'audience : Audimat, coût par contact,...). J'y rajoute que le web permet aux métiers des médias de rompre avec la temporalité de l'exploitation des informations diffusées qui jusque-là étaient limitées à un public restreint pour une durée bien déterminée.
Il serait aussi intéressant de rappeler cette réponse du Conseiller de la Cité des Sciences et de l'Industrie, Monsieur Joel de Rosnay qui disait ceci : « Les média des masses, seuls véritables média démocratiques, vont radicalement modifier la relation entre le politique et le citoyen et, par voie de conséquences, avoir des impacts considérables dans les champs culturel, social et politique. »
Le Code (métier) :
J'entends par Code, tout principe emprunté au monde de l'information pour les normes et pratiques liées à la recherche et diffusion de l'information. Que tu sois blogueurs ou acteur du journalisme citoyen, vous devez intégrer ces quatre dimensions dans votre stratégie.
• Rechercher la vérité mais aussi parler souvent de ces sources pour mieux faire accepter votre information. Ne pas oublier que vous vous adressez souvent à des personnes que vous ne connaissez pas.
• Se respecter et respecter son réseau. Notre façon de nous comporter sur les nouveaux médias influence les autres sur la manière dont ils vont percevoir nos informations.
• Être indépendant. Avoir la liberté et l'indépendance totale sur comment vous aimez traiter l'information et sur les informations traitées.
• Être responsable. La responsabilité commence par assumer ses responsabilités envers ses lecteurs, amis ou followers.
L'une des grandes règles d'une crédibilité chez un acteur du web, c'est d'accepter de reconnaître ses erreurs et d'accepter de rebondir sur une information soit pour la corriger, soit pour l'enrichir.
En somme, si on réunit intelligibilité, la vérité, la sincérité et la justesse comme critères de base, nous nous accorderons qu'il existe bel et bien une crédibilité des médias sociaux et de ceux qui les utilisent pour en faire un métier ou une passion. Blogueurs et acteurs du journalisme citoyen sont maintenant des sources d'informations mais aussi des profils influents capables d'inspirer des professionnels de l'information ou même capable de corriger de grandes presses.
Aujourd'hui, ils sont les mieux positionnés pour porter des informations plus démocratiques « by the people for the people ». Parce qu'ils sont immergés dans la population, les blogueurs seraient capable de traiter l'actualité de manière plus authentique et plus indépendante que des journalistes professionnels, prisonniers de routines organisationnelles ou cognitives et soumis aux pressions de leurs sources.
Je terminerai avec cette belle phrase de Thierry Vedel : « Citer des blogs écrits par de simples citoyens confère un caractère d'authenticité à l'information des médias traditionnels tout en témoignant du souci des journalistes de tenir compte du vécu des gens ».
« Anticipons les changements au lieu de les subir ! »
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Présentation de l'auteur :
Cheikh Fall, Cyber activiste - blogueur et initiateur du projet web social-démocratie www.sunu2012.sn. Développeur web de formation, chef de projet web et formateur, Cheikh Fall est concepteur de plus d'une vingtaine de sites web et aujourd'hui administrateur de trois portails d'information au Sénégal.
En 2010, initiateur de la première plateforme web citoyen au Sénégal : www.ruepublique.net, administrateur et rédacteur en chef du portail. En 2011 initiateur et concepteur de la plateforme web www.sunu2012.sn pour la couverture et le monitoring de l'élection présidentielle au Sénégal en février 2012.
Sunu2012 est un projet web conçu sur la base d'une initiative citoyenne et volontariste pour la transparence du processus démocratique.
Initiateur du projet web humanitaire www.sunucause.com pour répondre aux urgences des populations par le biais des médias sociaux. Créateur du hashtag #sunu2012 sur twitter, devenu célèbre lors de l'élection présidentielle au Sénégal en février 2012. Un des initiateurs du hashtag #kebetu sur twitter. Hashtag utilisé par défaut par les Sénégalais et par d'autres internautes qui souhaitent partager ou exploiter de l'information sur le Sénégal.
En 2013, premier sénégalais nominé pour le prix net-citoyen de Reporters Sans Frontière.
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Son blog: http://gloomedias.blogspot.com/
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Son blog: http://gloomedias.blogspot.com/
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